Préhistoire de Robin des Bio
A l’origine était le 51 rue de Gand
1971 : Yves Debarge alias « Bulle » lance l’idée d’un groupement d’achat comme il en avait vu aux États-Unis, où il avait rencontré les Amis de la Terre. Les Amis de la Terre de Lille débutent, à partir d’un groupe d’étudiants non-violents de l’aumônerie lycéenne rue Molière et du projet de librairie GIPOULD en 1972.
Ils louent le local commercial d’une ancienne mercerie au 51 rue de Gand, dans le Vieux-lille. Au rez-de-chaussée, salle de réunion pour le comité Larzac, le Comité pour le Boycott de la coupe du monde en Argentine, le Comité de Soutien aux Objecteurs de Conscience. A l’entresol : quelques sacs de farine, de couscous, de boulgour et une roue de Comté Marcel Petite, à partager entre adhérents et rongeurs.
1973 : début d’achats de produits bio à des maraîchers à Emmerin et à Marcq-en-Baroeul, du blé acheté chez les fermiers à Oxelaere et moulu à Steenvoorde. Pour adhérer, il faut avancer 50 francs pour le fond de roulement qui permet d’acheter les produits, revendus aux adhérents avec une très faible marge.
décembre 1973, le premier numéro du Clampin libéré présente le lieu : « 51 rue de Gand : vous y trouverez : Comité de Soutien aux Objecteurs de Conscience, MLF le mardi soir, le Comité de défense du Vieux-Lille, réseau de bouffe saine (riz, carottes, navets, choux, huiles, thym…), GIPOULD, reliquats d’Union Pacifiste de France. »
1976
4 mars 1976 : tentative de création de la Coopérative de Produits Sains des Amis de la Terre du Nord avec des difficultés à se faire enregistrer, le statut des coopératives de consommateurs étant peu connu.
Le Clampin libéré n°19 de mai 1976 annonce : « C’est reparti. La coopérative de Bouff bio fonctionne tous les mercredis de 17 à 19 h. Les Biobouff de quartiers (Wzaemmes, Fives, Annapes) viennent s’y approvisionner. Inscrivez-vous dans les Biobouffs ou créez-en une. Renseignements Coopé : Amis de la Terre, 51 rue de Gand. »
AG du 10 octobre 1976 : scission du groupe des Amis de la Terre (tendance Desurmont vs tendance Radanne) et création de l’Association Lilloise pour l’Ecologie et l’Autogestion. La Coop déménage dans un garage rue du Terroir à Villeneuve d’Ascq. Le 51 rue de Gand devient le siège d’une biobouffe.
fin 1976 : 10 biobouffes.
27 janvier 1978 : dépôt de copies des décisions de l’assemblée générale de la COOP NORD dont le siège social est à Villeneuve d’Ascq, rue du Terroir. Président : Serge Charton.
Une impression d’étrangeté absolue tant pour le cadre, les produits que certains coopérateurs présents (adeptes de l’An 01, bagoonistes et autres macrobiotiques) lors de mon premier achat un samedi matin froid et pluvieux d’automne, rue de Gand.
A cette époque, il y avait très peu d’offre en bio à Lille, si ce n’est les pains Lemaire dans quelques boulangeries et les magasins La Vie Claire et Passebecq aux tarifs élevés.
Nouvel écosystème à la Maison de la Nature et de l’Environnement
Aux municipales de 1977, les Amis de la Terre présentent une liste commune avec le PSU aux municipales et obtiennent de Pierre Mauroy la création de la Maison de la Nature et de l’Environnement en échange de leur appel à voter pour sa liste au second tour.
1979 : ouverture de la MNE, dans les locaux de l’ancienne Faculté des sciences naturelles.
Le 51 rue de Gand est repris par un collectif associatif Le poteau rose/Pot aux roses autour d’un restaurant associatif offrant des repas à 5 francs le vendredi et samedi soir.
La Coop Nord emménage dans un local au rez-de-chaussée donnant sur la cour de la Maison de la Nature et de l’Environnement, entrée par la rue Claude Bernard , plus une cave. Elle est organisée en biobouffes ou biogroupes qui tiennent à tour de rôle la permanence du samedi matin à la MNE.
150 à 200 « familles » adhérentes selon les années, regroupées en 15 à 22 biobouffes.
1981 : 15 biobouffes. Saint-Maurice, Fives, Moulins, Ballon, Sainte-Catherine à Lille, Ascq, Mons-en-Baroeul, Sainghin-en-Mélantois, Lomme, Roubaix, Tourcoing, Armentières, Dunkerque, Liévin, Boulogne.
1983-1984, :création d’une biobouffe de l’association Frères des Hommes suite à la campagne contre la surconsommation de viande, responsable de la faim dans le Tiers-Monde.
Conférence du Dr Lecerf, auteur du livre « Manger autrement », organisée avec le CRDTM.
Daniel Fillebeen, imprimeur militant, ouvre un magasin de produits écologiques rue de Wazemmes.
1986 : création de Vert’Tige à Wavrin avec vente itinérante de légumes sur les marchés. Durant un moment, Béatrice et Benoît livrent les légumes au local, puis notre secrétaire Muriel Liénard va chercher les cagettes de légumes à Wazemmes le samedi matin.
Choc des cultures entre les adhérentes de la biobouffe de Marcq et Bondues et les « babas cool », en particulier sur les problèmes de propreté et d’hygiène dans le local, mais aussi sur le sens de l’économie et la ponctualité.
1987 : forte baisse du chiffre d’affaires, due à la disparition de certaines grosses biobouffes, une augmentation de la marge de 5 à 10 % pour éponger les vols et les pertes dues à une mauvaise organisation. Didier Dervaux, président de la Coop, devient permanent avec un rôle d’animation et de coordination. Il centralise les commandes par téléphone le mercredi, et assure la pesée le samedi. Les biobouffes restent indispensables pour le fonctionnement, mais les responsabilités sont individualisées. (voir documents pdf)
Madame Cornu devient présidente.
Annie Baryga, trésorière de 1987 à 1990 et présidente de 1990 à 1992. Son objectif premier : convaincre les gens de venir à la bio par des prix le plus bas possible, grâce au bénévolat des adhérents, puis échanger des conseils d’alimentation, des actions comme la fabrication de pain, des relations amicales.
Embauche de Christiane Avernant à mi-temps pour vendre aux adhérents, avec l’aide de bénévoles.
Relance de la Commission produits avec un grand débat sur le glutamate.
L’accueil des nouveaux adhérents donne lieu à une réunion une fois par mois un samedi matin.
Les assemblées générales permettent de vastes débats sur des thèmes récurrents : engagement des adhérents, prix des produits, vente ou non de produits transformés, valeurs éthiques…
Les époux Carruyer maraîchers bio viennent du Douaisis le samedi matin et vendent leurs légumes dans le couloir et la cour de la MNE.
Les motivations diverses des adhérents (santé, militantisme et ésotérisme) font plus ou moins bon ménage, mais cohabitent au sein de ce micro écosystème unique à Lille.
Dans les couloirs, certains responsables de la MNE font part de leurs interrogations vis-à-vis de la Coop’Nord : « Est-ce une secte, un commerce ? » et regrettent sa trop faible implication dans la démarche commune.
Création d’une bibliothèque de la Coop. Parallèlement à la Coop, organisation de cours de cuisine par Brigitte Fichaux.
1994 : création de la COOP NORD BIOlogique pour mise aux normes fiscales sur le conseil d’un fonctionnaire des impôts. Disparition des biobouffes et adhésion directe à la Coop.
La Coop est jugée au Tribunal des prud’hommes, suite au licenciement d’une salariée. Le jugement donne raison à la Coop. Beaucoup de soucis pour le président Guy Gérard, qui démissionne à la fin du procès.
Bertrand Lacoste devient président.
Patrice Vandeplancke salarié à temps partiel.
Création d’un rayon de produits frais : légumes en cagettes, fromages et tofu soyeux dans une vitrine réfrigérante, apparition de la première caisse enregistreuse.
Refus d’adhérer à BIOCOOP.
Bertrand Lacoste crée une plateforme régionale de distribution de produits bio et écologique CASA BIO.
Vincent Kra devient président
1999 : La Ville de Lille rappelle à la Maison Régionale de l’Environnement et des Solidarités que ses locaux sont destinés à des associations à but non lucratif. La majorité du CA propose de se conformer à cette demande plutôt que de se battre pour une biodiversité de statuts, et donc de liquider la coopérative de consommateurs type loi de 1905.
2001 : Création de l’association Robin des Bio, sans s à Bio, nom proposé par Patrick Vandeplancke, qui avait été publicitaire dans une vie professionnelle antérieure. (voir document pdf)