L’éthique étiquette

, par Guillaume Wauquier

Constat

Aujourd’hui à l’épicerie les étiquettes sont faites main par nos valeureux salariés. Elle sont jolies mais dépourvues de quelques informations réglementaires (exemple : prix au kilo) et d’informations importantes sur les produits au regard de notre charte. Elle comprennent souvent juste le prix et le nom de l’article.
La commission produit travaille et enquête sur les filières, les fournisseurs et leurs marchandises. Ce travail n’est pas suffisamment mis en valeur et les connaissances ne sont partagées souvent qu’au sein de la commission.

L’idée

Puisque les labels ne suffissent pas, puisque les emballages sont confus, élaborons et collons les « éthiques étiquettes », rendons lisible l’étiquetage pour rendre visible notre charte et le travail de notre commission produit.

A l’image des étiquettes proposées dans l’épicerie Envie d’ici ou à l’épicerie 3 ptits pois à Lyon, dessinons une étiquette qui nous ressemble, indiquant en plus du prix tous les critères qui font l’objet de notre attention : impacts environnemental et social.

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Les éthiques étiquettes auraient pour vertu :
 De sensibiliser les adhérents lors de leur achat ou de leur donner matière à réflexion.
 De permettre l’élaboration d’indicateurs ( évolution du vrac dans le panier des adhérents, évolution de la quantité d’emballage). Ça fera joli en AG surtout avec les dix ans d’historique de ventes que nous avons.
 Commencer la construction du wiki produit contributif et ouvert, c’est l’endroit où les informations produits et fournisseur sont compilées et permettent la compréhension des notations présentes sur les étiquettes.
 Mettre en conformité notre étiquetage.
 Offrir aux salariés de meilleurs outils.

Les limites

Ce système a certains défauts et voici les limites avec lesquelles nous allons devoir composer :
Le système se sera pas exhaustif : il est impossible d’établir l’analyse du cycle de vie de chaque produit, difficile de savoir les conditions de travail qui se cachent derrière chaque produit, compliqué d’obtenir les informations pour un produit industriel, de savoir combien de kilomètres ont parcouru les 30 % de graines de tournesol dans ce sac de céréales… C’est un problème bien connu de la commission produit, le travail est pharaonique, les enjeux économiques, l’opacité induite des filières longues et industrielles rendent la tache impossible.
Un « état de la connaissance » peut palier à ce constat. Un état de connaissance faible invite à la retenue ou à l’enquête si le produit est excellent.

Des chiffres, toujours des chiffres ! Quelle est cette manie de vouloir tout évaluer, tout noter, c’est pour préparer une entrée en bourse, on joue à l’agence de notation, PIB ou BIB même combat !
L’éthique étiquette comportera une ou plusieurs notations pouvant prendre des représentations différentes, les critères de notations et les formules de calcul seront documentés et volontairement simples pour permettre une compréhension rapide par tous. Mais le calcul de la note n’est pas fixé par quelques uns mais se base sur la charte produits définie collectivement et soumise à modifications si le groupe en décide. Ce ne sont pas des chiffres pour compter mais pour réfléchir.

L’étiquette est trop réductrice : Comment faire tenir sur un papier de 5 centimètres sur 8, plusieurs heures de recherche de la commission sur un produit ?
L’étiquette ne donnera qu’une impression synthétique du travail de la commission, c’est vrai, mais elle invitera l’adhérent à consulter le wiki des produits pour avoirs accès aux éléments qui ont conduit à cette note.

On ne peut pas noter le degré éthique d’un produit ou d’un fournisseur, c’est trop compliqué.
Oui, c’est vrai, c’est complexe et les sources d’erreur sont multiples. Ce critère est le plus sensible à évaluer. Mais un certain nombre d’éléments nous donnent des indications (les labels, la forme juridique, la transparence, l’indépendance de la société, la relations fournisseurs, la politique commerciale, les enquêtes des journalistes et citoyens sur le terrain... ). En établissant une grille d’analyse partagée, nous pouvons en déduire un classement, qui comme tout classement sera injuste avec certains mais fera au fur et à mesure l’objet de rectifications.

Du code, de la sueur et des fêtes !

La tâche est immense mais le plan d’action est tracé et fracasse la montagne en petites collines :
Il s’agit de partir de notre catalogue des produits, de le compléter étape par étape.
Chaque étape, c’est quelques réunions, quelques développements informatiques pour faciliter la saisie des données et l’affichage d’indicateur, la rédaction de la documentation expliquant les choix et le travail effectué, et pour finir une communication bien ficelée auprès des adhérents.

Tout ce travail pour un objectif : réussir à la fin de chaque étape l’« éthique étape », une journée où 5 à 20 adhérents ou amis inflorescents viennent contribuer à la saisie d’informations sur les produits. En binôme ou en solitaire avec un ordinateur portable, une tablette ou un smartphone, ils saisissent les informations demandées sur les produits. La journée se termine par la mise en forme du travail de saisie, l’impression et la disposition en épicerie des nouvelles étiquettes, l’affichage d’un ou plusieurs indicateurs. Il conviendra bien entendu de clôturer cette victoire par une petite fête avec une table bien garnie et des verres bien remplis.

Ces journées seront animées par les membres de la commission informatique et toute autre personne volontaire des commissions voisines (com, produit ou animation). Ils assureront la technique, les réponses aux questions, les jerricans de café...

Voilà une proposition de découpage des étapes :

 1ère étape : Des étiquettes conformes et faciles à disposer
Pour chaque produit, vérification des unités de mesures, saisie quantité et contenu, label existant, position dans l’ épicerie. Accrochage des nouvelles étiquettes, soirée raclette.
 2ème étape : Ajout d’un critère filière (produit transformé ou non, marque, fournisseurs )...
 3ème étape : Ajout de critères emballage et déchets....
 4ème étape : Ajout de critères kilométrage entre le lieu de vente et le lieu de production...
 5ème étape : Importation du travail de la commission produits dans le wiki-produits...
 6ème étape : Ajout de critères éthiques...

Saisir local, Penser Global !

Ce projet d’éthique étiquette n’est viable dans le temps que s’il résonne dans d’autres épiceries et groupement d’achat. Cela suppose que toutes ces informations puissent former une base de données librement téléchargeable et modifiable, un grand catalogue partagé, un Wikipédia des produits. Par chance, cet outil existe déjà ! Il s’appelle OpenFoodFact.
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Pour tout savoir sur ce projet citoyen bénévole et participatif : visitez le site internet du projet ou visonnez cette vidéo où Elise Lucet et le fondateur d’OpenFoodFact nous présentent l’application.

Le projet est pour le moment très orienté nutrition et santé, mais on peut y trouver aussi des informations sur l’emballage, le lieu d’emballage, la contenance, les labels présents sur l’étiquette. Beaucoup de critères présent dans notre charte produits ne se trouvent pas définis dans leur base de donnée.

La commission informatique travaille donc à établir des ponts entre notre projet et cette base de donnée citoyenne. Nous avons profité de la base OpenFoodFact pour enrichir la fiche de nos produits. Nous avons le souhait de rendre la pareille en vérifiant et ajoutant les produits manquants et peut être suggérer d’intégrer les critères éthiques à cette fabuleuse source d’informations.